Le programme Succ’ESS, ou comment accompagner la relève générationnelle en ESS grâce au mentorat

À l’heure où de plus en plus de jeunes engagés cherchent à transformer leur passion en projet professionnel ou à affiner leur trajectoire militante, Succ’ESS propose un dispositif inédit : mettre en relation des professionnel·le·s de l’ESS et des jeunes déjà impliqué·e·s, désireux·ses de se professionnaliser ou d’aller plus loin dans leur engagement. Interview de Roxan Deschamp, responsable éducation sensibilisation de la CRESS Île-de-France.

 1. Quel constat vous a amené de réfléchir à ce programme ?

Roxan Deschamp : « Ce projet est né d’une observation partagée par de nombreux acteurs de l’ESS : beaucoup de jeunes la connaissent par le prisme du militantisme, mais peinent à identifier les métiers et opportunités professionnelles.
Pour répondre à ce besoin, la CRESS Île-de-France et la CRESS Bretagne ont imaginé un programme de mentorat. Leur ambition : faire découvrir concrètement les structures, les parcours et les valeurs qui façonnent l’économie sociale et solidaire, tout en offrant un accompagnement sur mesure aux jeunes. » 

2. Quels objectifs poursuivez-vous avec ce programme ?

RD : « Nous ambitionnons d’accélérer l’insertion professionnelle des jeunes dans l’ESS et favoriser la transmission des savoir-faire et des valeurs de coopération entre générations. »

3. Comment cet accompagnement contribue-t-il à la réussite des participant·e·s ?

RD : « Cet accompagnement ne se limite pas à de simples rencontres : il s’agit d’un suivi personnalisé, qui aide les participant·e·s à clarifier leurs objectifs, à développer leurs compétences, à accéder à des réseaux professionnels et à transformer leur engagement citoyen en projet professionnel ou personnel durable. » 

4. Comment Succ’ESS facilite-t-il la professionnalisation des jeunes engagés ?

RD : « Succ’ESS crée des binômes mentor/mentoré :

• le/la mentoré·e est un·e jeune déjà engagé·e dans des associations, des collectifs ou des projets ESS, qui souhaite se professionnaliser ou affiner sa trajectoire citoyenne ;
• le/la mentor est un·e professionnel·le prêt·e à partager son expérience, son réseau et ses conseils. »

5. Où en est le programme ?

RD : « La première cohorte est en phase de matching. En octobre 2025, 20 binômes ont été constitués en Île-de-France et en Bretagne. Les candidatures affluent côté jeunes, preuve de l’intérêt croissant pour l’ESS et de leur volonté de transformer leur engagement en parcours professionnel. Pour répondre à cet enthousiasme, de nouveaux mentors sont activement recherchés. Devenir mentor, c’est bien plus qu’un rôle d’accompagnateur :

• c’est l’occasion de transmettre son expérience, de partager les réalités du terrain et de guider une nouvelle génération déjà engagée ;
• c’est aussi un moyen de prendre du recul sur son propre parcours, de s’inspirer du regard et des questions des jeunes, et de renforcer sa compréhension des aspirations qui animent l’ESS d’aujourd’hui.

Chaque mentor participe ainsi à un échange réciproque, où l’apprentissage est mutuel et où se construit un réseau intergénérationnel essentiel pour l’avenir du secteur. »

6. Quelle est votre ambition après cette première marche ?

RD : « Après cette étape, l’objectif est d’atteindre 60 binômes en 2026, puis d’étendre progressivement le dispositif à d’autres régions. À terme, Succ’ESS ambitionne de devenir un programme national de mentorat ESS, capable de relier chaque jeune engagé à un·e professionnel·le prêt·e à transmettre son expérience et à inspirer de nouvelles pratiques solidaires. »

Vous voulez contribuer à ce programme, devenez mentor !