Le Réseau Cocagne se soucie du bien-être au travail de ses salarié.e.s
Comment faire des structures d’insertion un lieu émancipateur pour leurs salarié.e.s ? Pour avancer sur cette question, le Réseau Cocagne interroge ses façons de travailler et de coopérer dans le cadre d’une recherche-action.
Depuis 1991, les Jardins de Cocagne font le pari de l’insertion par la production maraichère biologique et sa distribution en circuit court. À travers ses 102 structures, le réseau emploie ainsi 900 permanent.e.s et 5180 personnes en insertion. Cette double activité – social et maraîchage – est cependant source de difficultés pour les salarié.e.s permanent.e.s en les soumettant à des objectifs d’insertion et de production, parfois antagonistes. Cette complexité peut causer des souffrances et des « burn-out ».
Engagé sur ces questions, le Réseau Cocagne a initié en 2019, grâce au soutien de la Fondation, un partenariat avec le laboratoire de recherche ATEMIS (Analyse du Travail Et des Mutations dans l’Industrie et les Services) pour mettre en place des dispositifs d’organisation réflexive du travail.
En quoi consiste un dispositif d’organisation réflexive du travail ?
L’organisation réflexive vise à ouvrir des espaces de paroles entre pairs sur leurs pratiques managériales, en partant d’expériences vécues et en les analysant grâce à l’apport théorique des chercheur.se.s d’ATEMIS sur la notion de travail réel. Ainsi, entre 2019 et 2022, deux groupes de 15 directeur.rice.s volontaires se sont ainsi rencontré.e.s pendant plusieurs mois.
Nous poursuivons le déploiement de dispositifs similaires auprès des encadrant.e.s maraîcher.ère.s et des travailleur.se.s sociaux des Jardins, avec notamment une première expérience en région Centre - Val de Loire.
Un guide synthétisant les principes et les repères méthodologiques a été publié afin d’en faire bénéficier le monde associatif largement.
Qu’entendez-vous par « travail réel » ?
Dans toute activité, il y a un écart entre le travail prescrit et le travail réel, parce que la réalité, les aléas météorologiques, les absences, les pannes, etc. nécessitent en permanence des changements et des arbitrages. De ce fait, les résultats ne sont jamais proportionnels aux efforts, ce qui peut susciter un manque de reconnaissance et un mal-être. Mais c’est aussi dans cet écart que se jouent l’innovation et la capacité d’adaptation.
Qu’est-ce que cela apporte à vos salarié.e.s ?
Les difficultés rencontrées individuellement font souvent apparaître des problèmes plus généraux, d’organisation. En discuter permet d’explorer des pistes et d’imaginer des réponses communes. Beaucoup de Jardins expliquent aussi que cela a aiguisé leur capacité à réfléchir, renouvelé leur vision, créé une dynamique de travail différente, etc. C’est une source de soutien et de confiance, qui renforce leurs capacités d’arbitrage et de coopération.
Après quatre ans de retours d'expériences, le Réseau Cocagne publie une boîte à outils inspirante pour les acteur.rice.s de l'ESS, incluant notamment des podcasts, des vidéos, des témoignages, et, un guide présentant les principes et repères méthodologiques de l'organisation réflexive du travail.