Qualité de vie au travail : où en sont les organisations de l’ESS ?
D’après le baromètre Qualité de Vie au Travail (QVT) d’Harmonie Mutuelle de 2022, les salarié.e.s de l’ESS donnent une note de 6,2/10 à la QVT dans leur structure. Les fondations et les établissements publics obtiennent les notes les plus faibles avec respectivement 5,4 et 5,6/10.
Comment les acteurs de l’ESS, qui prônent un fonctionnement et des activités basés sur la solidarité et l’utilité sociale, se positionnent-ils réellement sur le sujet de la QVT ?
D’après une enquête d’Axis Mundi(1), réalisée à l’automne 2022 et qui interroge les salarié.e.s français.e.s sur leur relation au travail, près de 75 % (toutes entreprises confondues) se déclarent satisfait.e.s à l’égard de leur qualité de vie et de leurs conditions de travail. Les organisations de l’ESS seraient-elles moins soucieuses de la QVT que les autres employeurs ? Comment expliquer cet écart ?
Les salarié.e.s du secteur de l’ESS sont peut-être plus exigeant.e.s et sensibles à ces sujets de QVT que dans d’autres organisations, et donc évaluent leur employeur plus durement. C’est possible. Mais si l’on regarde plus précisément les chiffres, les raisons justifiant la dégradation de la situation dans le secteur de l’ESS sont notamment les changements d’organisation, la moindre rémunération et l’ambiance de travail au sein de l’équipe.
Les variations budgétaires et les changements d’organisation, raisons de la dégradation de la QVT dans l’ESS
En effet, une bonne QVT c’est avant tout donner aux collaborateur.rice.s, les outils et moyens (techniques, matériels et immatériels) de mener à bien leur travail et l’autonomie pour le faire. Dans le secteur de l’ESS où parfois les équilibres budgétaires sont plus difficiles à trouver, il n’est pas toujours aisé d’avoir les ressources nécessaires à la réalisation des missions confiées, et a fortiori à la mise en place d’une démarche QVT.
Dans cette étude, les dirigeants des structures de l’ESS confirment cela. Ils pointent notamment les relations avec les pouvoirs publics et les financeurs qui se tendent, la diminution des moyens humains et financiers et dans une moindre mesure les changements d’organisation (sans doute plus pour les structures de l’ESS de taille importante).
La QVT : un travail de fond sincère et dans le temps incontournable
Alors, quels sont les leviers pour améliorer la QVT ? Clairement, les babyfoots et autre tisaneries ne suffisent pas, et personnellement, je ne suis pas fan de l’idée de « Semaine de la QVT ». J’aime à dire que la QVT c’est toute l’année et que nous avons tous.tes un rôle à jouer.
Je suis convaincue également qu’on peut améliorer l’expérience des salarié.e.s, et par ricochet la QVT, en développant l’écoute collaborateurs.rices. La simplification des process, la prise en compte des impacts humains, les transformations et l’accompagnement au changement sont aussi des leviers d’amélioration de la QVT. Certains d’ailleurs ne demandent pas forcément d’importants budgets mais avant tout une réelle volonté de changer. En cela, la QVT est bien un sujet de leadership et de culture d’entreprise.
Notre rapport au travail a énormément changé ces dernières années. Il est crucial pour tous les employeurs et a fortiori pour les organisations de l’ESS de se lancer dans une démarche d’amélioration continue de la QVT. Impliquer les salarié.e.s dans ce projet de longue haleine est un facteur de réussite. Nous avons tous.tes à y gagner.
1 Baromètre QVCT des salariés français Vague 2 Axis Mundi et BVA
La qualité de vie au travail, quèsaco ?
Depuis 2002 et la première semaine de la qualité de vie au travail (QVT) lancée par l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail), la notion de QVT s’est largement diffusée.
Elle regroupe aujourd’hui toutes les actions qui permettent de concilier l’amélioration des conditions de travail et la performance globale de l’entreprise ou de l’organisation. Cet acronyme, devenu récemment Qualité de Vie et Conditions de Travail (QVCT) englobe 6 dimensions : les relations de travail et les aménagements des locaux, la santé au travail (physique, mentale et psychique), l’engagement et le management, l’égalité professionnelle pour tous.tes, le développement des compétences et les parcours professionnels, ou encore le contenu et l’organisation du travail.